Chez l’enfant, les aliments le plus souvent responsables d’allergies sont le lait, les œufs, l’arachide (cacahuète), la noisette, la noix de cajou, le kiwi, la crevette et le poisson. Une fois adulte, d’autres allergies peuvent se déclarer : pomme, poire, banane, avocat… En vérité, n’importe quel aliment peut être à l’origine d’une allergie, et « une allergie peut intervenir à tout âge, même s’il n’y a pas de précédent dans la famille », rappelle le Dr Rancé.
Autre aliment induisant fréquemment une intolérance : le blé, et plus spécifiquement le gluten, une fraction protéique qui se retrouve dans d’autres céréales (avoine, orge, seigle). Bien qu’il ne s’agisse pas d’une allergie à proprement parler, un régime sans gluten est prescrit à ceux qui souffrent de la « maladie cœliaque », dont la particularité est d’altérer la muqueuse intestinale et la fonction digestive.
Parce qu’elles occasionnent de sérieux et même parfois de graves désagréments, la prévention des allergies alimentaires est essentielle, en particulier dans les familles où des cas existent déjà. Allaitement, diversification alimentaire… Le point sur les dernières recommandations.
Une allergie alimentaire, qu’est-ce que c’est ?
D’un côté, une protéine alimentaire. De l’autre, le système immunitaire. La première fois qu’on mange la protéine concernée, l’organisme la traite comme un composé toxique. Il fait intervenir des globules blancs et produit des anticorps spécifiques appelés immunoglobulines E (IgE). La deuxième fois, les IgE entrent en action. Elles provoquent la libération d’histamine, une substance qui peut être à l’origine de toutes sortes de symptômes : diarrhée, vomissements, dermatite ou eczéma, urticaire, asthme… Le plus redoutable est le « choc anaphylactique » (choc allergique), un état d’urgence qu’il faut traiter par une injection d’adrénaline.
On observe, sans trop savoir l’expliquer, une recrudescence des allergies alimentaires. « Du fait de l’essor des aliments industriels, nous sommes confrontés sans cesse à de nouvelles protéines, exotiques ou issues de diverses technologies », avance le Dr Fabienne Rancé, allergologue au CHU de Toulouse.
Bonne nouvelle, certaines allergies de l’enfant, au lait ou à l’œuf, guérissent spontanément dans la plupart des cas. « Il faut évidemment s’en assurer par des tests de réintroduction menés à l’hôpital », recommande le Dr Rancé. En revanche, les allergies à l’arachide, aux fruits à coque (noix, noisettes…), aux poissons et aux crustacés sont « plus tenaces ».
Comment protéger ses enfants ?
La prévention s’impose dès qu’un des parents, une grande sœur ou un grand frère souffre ou a souffert d’allergies. « Il y a encore deux ans, on proposait aux futures mamans de se mettre au régime (sans lait, sans œuf, sans arachide, etc.) dès la grossesse, mais des études ont montré que cela ne servait à rien ». En revanche, il est bénéfique de s’arrêter de fumer.
Quant à l’allaitement maternel « il demeure recommandé, même s’il n’est pas efficace à 100 %. Dans le cas où la maman ne peut ou ne veut pas allaiter, on prescrit des laits hypoallergéniques plutôt que des laits pour bébés classiques », explique le Dr Rancé.
Les allergologues s’interrogent actuellement sur l’âge idéal pour diversifier les aliments. Si celui-ci reste fixé par les sociétés savantes européennes entre 4 et 6 mois, de plus en plus de voix plaident pour une diversification précoce, dès 4 mois révolus. « On croyait bien faire en retardant l’introduction des aliments autres que le lait, et par conséquent des allergènes potentiels, à 6 mois révolus. Mais au vu des études les plus récentes, on constate que cette mesure a augmenté la proportion d’enfants allergiques ! Pour ma part, je préconise donc de commencer la diversification à 4 mois révolus, en commençant classiquement par les légumes, puis les fruits et enfin, les viandes. »
Des conseils qui doivent bien sûr être modulés au cas par cas si malgré tout le jeune enfant déclare une allergie.
Selon Patricia Sergeant, les produits diététiques sans allergènes sont surtout intéressants pour les enfants poly-allergiques, pour lesquels il est plus compliqué d’avoir un bon équilibre alimentaire. On trouve ainsi des pains, biscuits, plats cuisinés à la fois sans blé ou gluten, sans lait, sans œuf, sans arachide… chez Valpiform’ (www.valpiform.com). Autre marque à connaître, les plateaux-repas Natama (www.natama.fr), « une formule idéale quand les enfants partent en classe de mer ou de neige. »
Seul bémol, ces produits ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale. Les rares aliments partiellement pris en charge sont les pains, pâtes, farines et biscuits sans gluten bénéficiant d’une vignette et destinés aux enfants ou adultes souffrant de maladie cœliaque.
Supprimer les œufs, le lait ou le blé pour bien se porter ? Facile en théorie, mais compliqué en pratique. A-t-on jamais préparé des crêpes sans œufs ou des gâteaux sans farine ? Heureusement, les diététiciens spécialisés en allergologie connaissent toutes les astuces.
Bien lire les étiquettes
« Depuis 2003, une directive européenne oblige les industriels à indiquer en clair 14 allergènes parmi ceux qui sont le plus fréquemment en cause : céréales contenant du gluten, crustacés, œuf, poissons, arachide, soja, lait, fruits à coque, céleri, moutarde, sésame, sulfites, mollusques et lupin », détaille Patricia Sergeant, diététicienne du service d’allergologie au CHU de Nancy (1). A titre d’exemple, « si l’huile d’arachide est présente dans une sauce, elle doit être mentionnée en toutes lettres. Et s’il est indiqué “ huile végétale”, il ne peut donc pas s’agir d’huile d’arachide. »
Mais même une directive ne peut tout contrôler : « Le lactose de lait ou l’amidon de blé, qui sont des glucides, peuvent véhiculer quelques milligrammes de protéines qui suffisent, dans certains cas, à déclencher des manifestations allergiques. » Sans parler des aliments non pré-emballés, comme le saucisson du boucher ou le pudding du boulanger, pour lesquels il est quasiment impossible de connaître précisément la composition.
C’est pourquoi, une fois le diagnostic posé par un allergologue, il est important de consulter un diététicien de pédiatrie. « Pour repérer d’éventuelles erreurs, il est conseillé aux parents de remplir un carnet alimentaire et d’apporter les étiquettes des aliments qu’ils achètent. »
Un régime sur mesure
Les examens pratiqués, tests cutanés et dosages sanguins, permettent de préciser la sensibilité de l’enfant. « En cas d’allergie à l’œuf, il est souvent possible de manger de l’œuf bien cuit (dur, en gâteaux) parce que la cuisson dénature les protéines, alors que l’œuf cru (mayonnaise, mousse au chocolat) doit être banni, explique Pascale Sergeant. L’évaluation de la sensibilité de l’enfant permettra également de savoir s’il faut tenir compte des éventuelles traces d’allergènes spécifiées par les industriels à la fin des listes d’ingrédients. »
Les résultats des examens indiquent, par ailleurs, s’il est temps ou non de tenter de désensibiliser l’enfant par la réintroduction très progressive (lors d’une journée à l’hôpital) de l’aliment allergisant. « Quand un enfant est poly-allergique, ça met plus de temps, mais dans 95 % des cas, il parvient à manger à nouveau du lait ou des œufs sans danger pour sa santé. » Objectif : faire en sorte que le régime soit le moins restrictif possible, surtout lorsque l’enfant intègre la maternelle ou commence à prendre des repas en dehors de la maison.
« Pour que l’enfant vive au mieux son régime, il est important que toute la famille mange pareil », conseille Pascale Sergeant. On peut se procurer des recettes sans œuf, sans farine de blé, sans lait, etc. sur les sites de l’Association française pour la prévention des allergies (Afpral) (www.allergies.afpral.fr), et du Cercle d’investigations cliniques et biologiques en allergologie alimentaire (Cicbaa) (www.cicbaa.org), ou auprès de certains laboratoires (Mead Johnson, Nutricia).
(1) Patricia Sergeant a rédigé les fiches des régimes d’éviction du Cicbaa.
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