S’ils sont rarement nécessaires, les compléments alimentaires ne sont pas dangereux à condition néanmoins d’observer quelques règles :
- Se limiter à la durée de cure indiquée.
- Choisir des produits qui n’apportent pas plus de 100 % des apports journaliers recommandés (AJR) en vitamines ou minéraux.
- Ne pas cumuler deux compléments alimentaires ou un complément alimentaire et un supplément médicamenteux.
- Eviter d’acheter sur Internet. Les produits étrangers, non contrôlés, peuvent contenir des composés toxiques.
- Idéalement, demander conseil à son médecin traitant avant de se lancer. Sinon, lui signaler qu’on a fait une cure et lui en expliquer les raisons. La fatigue, par exemple, peut avoir de multiples causes.
A en croire les étiquettes, les compléments alimentaires seraient capable de résoudre le moindre de nos bobos. La vérité est moins simple. Bénéfique pour certaines personnes présentant des déficits, leur consommation est, dans tous les autres cas, souvent inutile. Le point avec le Dr Mariette Gerber, nutritionniste, épidémiologiste et chercheur honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Leur présentation les rapproche des médicaments, mais ils n’en ont que l’apparence. Raison pour laquelle les compléments alimentaires sont en vente libre, et peuvent même être achetés dans les grandes surfaces. « Réglementairement, ils sont assimilés à des aliments, explique le Dr Gerber (1). Par conséquent, leur mise sur le marché n’est assujettie à aucune étude, sauf si le fabricant désire faire mention d’un effet très spécifique. Mais la plupart du temps, les allégations sont suffisamment floues pour passer au travers ». On ne s’étonnera donc pas que les promesses d’amincissement, de tonus ou de « zénitude » ne soient guère suivies d’effets !
De la question de leur utilité
Pour autant, tous les compléments alimentaires sont-ils inefficaces ? La question se pose surtout pour ceux qui disent fournir vitamines, minéraux et graisses essentielles (Oméga 3). « Les études de consommation montrent que certains Français, enfants ou adultes, manquent de vitamine D, de fer, de calcium, d’Oméga 3 ». Les compléments alimentaires pourraient alors être indiqués dans des cas très précis : les petits mangeurs, les personnes qui excluent certains aliments, celles qui en raison d’une maladie ou d’une intervention chirurgicale n’assimilent pas bien certains nutriments, les grands sportifs, etc. Mais, souligne le Dr Gerber, « ceci doit se faire sur prescription médicale après qu’une analyse de sang eut confirmé un réel déficit. »
Et de toute façon, il faudrait au minimum s’assurer de leur intérêt en faisant un bilan de son alimentation avec un diététicien. « Il est bien souvent possible d’éviter les déficiences en équilibrant mieux les repas. Par exemple, il suffirait aux ados de consommer davantage de produits laitiers, de fruits et de légumes pour ne pas manquer de calcium. Enfin, n’oublions pas qu’il est impossible de mettre dans une gélule autant de nutriments qu’il en existe dans les aliments ».
Des contre-indications
Question subsidiaire : utilisés à tort, les compléments alimentaires peuvent-ils constituer un danger ? Si on se limite à une cure de courte durée, non. Toutefois, il faut être prudent. Pour certains nutriments comme le zinc, le fluor, les vitamines A et B6, la marge entre apport conseillé et limite de sécurité (apport à ne pas dépasser) est faible.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) évoque ce risque d’excès, surtout si on cumule avec des aliments enrichis (céréales ou laits vitaminés) ou avec des suppléments médicamenteux (fer, calcium…).
De son côté, l’Institut national du cancer (INCa) déconseille les compléments alimentaires antioxydants (cocktails de bêta-carotène, sélénium et vitamines C et) aux fumeurs et aux personnes ayant des antécédents personnels ou familiaux de cancer. « Il semble que lorsqu’on a dans l’organisme des cellules pré-cancéreuses, un apport excessif de bêta-carotène ou de vitamine E puisse accélérer le développement d’une tumeur. Ceci serait vérifié pour les cancers du poumon, du sein, voire de la prostate et de la peau. »
Enfin, les extraits de plantes présents dans certains compléments alimentaires peuvent poser problème, surtout lorsqu’il s’agit de plantes exotiques. « Des réactions d’intolérance à certains de ces produits ont été signalées dans le cadre du dispositif national de nutrivigilance mis en place par l’Anses en 2009 », conclut le Dr Gerber.
(1) Auteur de Santé et alimentation méditerranéenne au quotidien, éd. Edisud.
Que contiennent les compléments alimentaires pour enfants ?
Proposés pour lutter contre la fatigue, il s’agit de cocktails de vitamines et minéraux, en doses inférieures à celles réservées aux adultes. Lorsqu’ils sont censés protéger des infections, ils comportent des probiotiques, c’est-à-dire des ferments lactiques qui présenteraient des bénéfices pour la santé en modulant l’équilibre de la flore intestinale. Pour « booster » le travail intellectuel, ils fournissent des Oméga 3, soit des lipides constitutifs des neurones. Enfin pour les plus grands, les compléments « spécial examen » peuvent contenir du magnésium antistress ou divers stimulants, comme le ginseng ou des plantes comportant de la caféine.
Faut-il les recommander aux enfants ?
« En aucun cas, répond le Pr Jean-Philippe Girardet, chef du service de nutrition pédiatrique de l’hôpital Trousseau, à Paris. Pour qu’un enfant soit en forme, arrive à bien se concentrer en classe, résiste correctement aux infections, il faut avant tout qu’il ait une bonne hygiène de vie : une alimentation équilibrée, de l’activité physique régulière et suffisamment de sommeil. »
Et en cas de carence ?
S’agissant des carences parfois observées chez les enfants (vitamine D et fer) et les adolescents (calcium), il convient d’en parler avec son médecin traitant. « C’est à lui de prescrire le cas échéant ces nutriments sous forme de médicament, selon l’âge et le poids de l’enfant. Il existe d’ailleurs des recommandations précises émanant de la Société française de pédiatrie (SFP) concernant la prescription de fer ou de vitamine D. »
Des effets limités, voire risqués
Selon le Pr Girardet, les cocktails multivitaminés ne se justifient pas : « Les enfants français ne manquent pas de vitamines du groupe B ». Sans compter que leur efficacité n’a jamais été démontrée. Par ailleurs, certaines vitamines consommées en excès présentent des risques d’intolérance. Enfin, si les probiotiques peuvent renforcer les défenses au niveau du tube digestif, il n’est pas démontré qu’ils protègent des infections hivernales.
Et en période d’examen ?
Les Oméga 3 sont essentiels au développement du système nerveux et rétinien des nourrissons et des enfants prématurés. « C’est pourquoi les laits infantiles en sont enrichis. Mais il n’est pas prouvé que, chez les plus grands, une supplémentation améliore les capacités intellectuelles. Pour satisfaire l’apport conseillé, il suffit de manger du poisson deux fois par semaine. »
Un apport complémentaire de magnésium « pour lutter contre le stress » ne pose a priori pas de problème puisque les apports sont en général inférieurs aux recommandations. En revanche, gare aux produits contenant de la caféine sous forme de maca, guarana, maté, etc. ou tout autre stimulant. Pour peu qu’ils soient associés à du café ou à des sodas au cola, ils peuvent perturber le sommeil, ainsi que les phénomènes d’apprentissage et de mémorisation.
Un rapport qualité-prix défavorable
En conclusion, « les compléments alimentaires sont chers pour un intérêt douteux. Et surtout, insiste le Pr Girardet, leur processus de fabrication n’est pas contrôlé comme celui des médicaments. Ils ne bénéficient donc pas des mêmes garanties de sécurité ».
Par le Dr Jean-Michel Lecerf, chef du service de nutrition de l’Institut Pasteur de Lille
Par définition, ils complètent l’alimentation. Mais a-t-elle besoin d’être complétée ? En clair, les compléments alimentaires sont-ils utiles ? Qu’apportent-ils ? Peuvent-ils avoir des inconvénients ? Et d’abord, qui sont-ils ?
Bien que se présentant sous forme de gélules, poudres ou comprimés, les compléments alimentaires répondent à la même réglementation que celle qui régit les aliments : ils doivent être sûrs et sains.
Quant à leur composition, elle est variable, pour ne pas dire variée. Ils englobent des micronutriments (vitamines, minéraux), mais aussi des acides gras (Oméga 3), des prébiotiques et/ou des probiotiques, des extraits végétaux et animaux, bref des centaines voire des milliers de composants. Ce ne sont pas des médicaments, mais la frontière est parfois floue ou limite : ce n’est souvent qu’une question de dose !
Méfiance vis-à-vis des promesses
En ce qui concerne les compléments alimentaires nutritionnels (vitamines, minéraux), plusieurs études ont montré que les personnes qui en consomment atteignent plus facilement les recommandations nutritionnelles. Ils sont donc plus particulièrement indiqués à celles et ceux qui ont du mal à équilibrer leur alimentation : les personnes très âgées, les personnes suivant des régimes restrictifs, les personnes aux faibles revenus, les personnes ayant des aversions ou des intolérances alimentaires larges, ou encore les personnes ne voulant pas – ou ne pouvant pas – améliorer leurs habitudes. Il n’empêche : on doit continuer à encourager prioritairement une alimentation variée et équilibrée.
Des études d’observation ont, certes, révélé que les personnes qui consomment des compléments alimentaires ont moins d’accident cardiaque. Cela ne saurait toutefois constituer une preuve : ce résultat peut être lié à différentes caractéristiques propres à ces mêmes personnes. D’autres études dites d’intervention (SUVIMAX) ont fait apparaître une réduction de certains cancers chez les hommes qui se nourrissaient mal, mais pas chez les femmes car celles-ci se nourrissaient bien et n’avaient donc pas besoin de compléments alimentaires.
En attendant d’affiner ces résultats, mieux vaut se montrer prudent vis-à-vis des différentes allégations santé dont se parent certains de ces produits. D’ailleurs, toutes ces promesses sont appelées à être incessamment révisées, et il est peu probable que beaucoup résistent à cet examen de passage. En attendant, il ne faut pas hésiter à se renseigner sur les bénéfices réels desdits produits.
Pas de remède miracle
Une chose est sûre : si l’on s’en tient à quelques règles basiques, on minimise considérablement les risques. D’autant qu’en France, la composition des compléments alimentaires ne peut pas dépasser des niveaux très modérés en vitamines et minéraux. Il est toutefois recommandé de respecter les doses indiquées et de ne pas cumuler les compléments alimentaires afin d’éviter tout surdosage. Enfin, il est préférable de bannir les achats en ligne. Sur Internet, la fraude est monnaie courante, avec ce que cela comporte de risques de toxicité.
Le danger principal, finalement, pourrait consister à passer à côté d’un diagnostic dans le cas où le patient, en proie à un accès de fatigue ou de déprime, aurait d’emblée recours à un complément alimentaire en omettant de consulter et, éventuellement, de suivre un traitement plus indiqué. Bref, on courra d’autant moins de risques avec les compléments alimentaires qu’on en fera un usage parcimonieux, pour un trouble fonctionnel bénin, en accompagnement d’une révision de son mode de vie (alimentation, activité physique, sommeil…) et/ou d’un traitement médicamenteux pour en renforcer les effets.
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