Jadis l’apanage des nobles, la goutte concerne aujourd’hui toutes les catégories sociales et cela, sous toutes les latitudes. Les explications du Pr Frédéric Lioté, du service de rhumatologie de l’hôpital Lariboisière, à Paris, et membre de la Société française de rhumatologie (SFR).
La goutte était connue comme une « maladie de pléthore », affectant surtout les hommes avec de l’embonpoint, portés sur les excès de bonne chair (viandes ou gibiers et alcools). Si les repas de fêtes, trop riches en graisses et en alcool, demeurent un facteur déclenchant, la recherche a permis de montrer que les gènes sont aussi en cause dans la survenue de cette maladie.
La goutte, c’est quoi ?
Il s’agit d’une affection inflammatoire des articulations, qui survient par crises aiguës très douloureuses. « Classiquement, on décrit l’atteinte du gros orteil qui gonfle et devient très rouge. Mais l’inflammation peut venir se loger ailleurs, comme dans les doigts ou les genoux. » La goutte est la conséquence du dépôt, au niveau des articulations, de micro-cristaux à base d’urate qui peuvent se former quand on a trop d’acide urique dans le sang. On sait maintenant qu’en raison de gènes déficients, certaines personnes n’éliminent pas suffisamment l’acide urique dans les urines, d’où sa présence en excès dans le sang.
Pourquoi refait-elle parler d’elle ?
Depuis un quart de siècle, on observe une recrudescence de la goutte. En France, elle concerne près de 500 000 personnes. « Et cette maladie se propage dans des pays dont elle était totalement absente il y a encore quelques années. C’est le cas, par exemple, de certaines régions de Chine, où elle affecte 1,5 % de la population. »
Ce phénomène peut s’expliquer par les changements de mode de vie et de régime alimentaire. Un nouveau facteur déclenchant a été mis en évidence : l’excès de fructose. Ce sucre, qu’on consomme souvent sans le savoir sous forme de sodas et autres produits sucrés (surtout lorsqu’ils contiennent du sirop de glucose-fructose), conduit l’organisme à produire de l’acide urique.
L’hyperuricémie (excès d’acide urique dans le sang) peut également provenir de la prise de médicaments diurétiques (fréquemment prescrits de nos jours en cas d’hypertension artérielle) qui réduisent l’élimination rénale de l’acide urique.
Enfin, le surpoids (et a fortiori l’obésité), surtout localisé autour de l’abdomen, est aussi un facteur favorisant. En entraînant une inflammation dans l’organisme, l’obésité est propice au développement de toute autre pathologie inflammatoire.
Les bonnes raisons de la soigner
Même si les crises aiguës restent rares, la goutte ne doit pas être prise à la légère. En l’absence de traitement, après quelques années d’évolution, elle entraîne la déformation, puis la destruction des articulations touchées.
Grâce aux nouvelles techniques d’imagerie par ultra-sons, on sait maintenant que les micro-cristaux peuvent également se déposer au niveau des tendons avec, pour résultat, la survenue de tendinites. Plus grave, ils peuvent se localiser dans les reins, pouvant entraîner une insuffisance rénale. La goutte peut être associée à des coliques néphrétiques, dues à des calculs à base d’acide urique.
Elle constitue, de surcroît, un marqueur du risque cardio-vasculaire, ce qui justifie un bilan de santé complet à la suite d’une première alerte.
Bref, le traitement ne doit pas se limiter à la prise en charge des crises. Il convient, au contraire, de considérer la goutte comme une « maladie chronique », défend le Pr Lioté. Des micro-cristaux d’urate peuvent d’ailleurs se déposer peu à peu tout, en restant asymptomatiques pendant des années. « Le taux d’acide urique sanguin doit être normalisé à vie (il doit rester inférieur à 60 mg par litre) grâce à l’association d’une alimentation adaptée et d’un médicament. Les médecins ont désormais le choix entre plusieurs molécules ».
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